Le 19 mars 1962 : fin de la guerre d’Algérie, c’est un mensonge éhonté. Les accords d’Évian obligeaient la France à un « cessez-le-feu » en Algérie, mais autorisaient le Front de libération nationale (FLN) et l’Armée de libération nationale (ALN) à enlever, assassiner, massacrer à volonté de jeunes soldats, des civils innocents et des harkis, alors que l’armée française avait l’obligation de rester l’arme au pied, sur ordre de De Gaulle.
Ce même jour, 19 mars 1962, à Eckmül (Oran), 16 personnes, dont trois femmes, sont enfermées dans un hangar et l’ALN y met le feu. Elles sont toutes carbonisées. Ce même jour, la gendarmerie d’Oran signale que des dizaines d’Européens sont séquestrés, jusqu’à ce que mort s’ensuive, pour servir de donneurs de sang pour les combattants de l’ALN. On les retrouve la peau collée aux os et totalement vidés de leur sang.
Après ce 19 mars 1962, et je cite sous le contrôle de M. Eugène-Jean Duval, inspecteur général des armées et les « archives officielles » :
– 91 actions de guerre de l’ALN et du FLN contre la France ;
– le 20 mars 1962, 18 soldats tués et 3 blessés ;
– 90 soldats français disparus ;
– 239 soldats français faits prisonniers par l’ALN, qui ne sont jamais revenus ;
– 1.580 civils européens disparus (dont des dizaines de femmes expédiées vers des bordels militaires de l’ALN).
Entre le 19 mars et le 5 juillet 1962, ce fut une hécatombe : plus de 5.000 enlèvements ; 1.165 civils assassinés ; 1.773 disparus ; plus de 60.000 harkis massacrés ainsi que leurs familles. S’ajoute à cela l’interdiction, par le gouvernement français, à la Croix-Rouge internationale de s’y intéresser. En témoigne le télégramme (très secret) signé Louis Joxe, daté du 2 avril 1962 : « Je serais, pour ma part, hostile à une intervention quelconque de la Croix-Rouge internationale dans tout ce qui concerne les arrestations et détentions d’Européens. »
Après le 19 mars 1962 se met en place le blocus de Bab El Oued. L’armée, l’aviation, les tanks tirent sur les habitants. Le 26 mars 1962, sur ordre de De Gaulle, confirmé par Christian Fouchet, Haut-Commissaire en Algérie, l’armée française tire sur une population désarmée qui manifestait devant la Grande Poste de la rue d’Isly, à Alger : plus de 46 morts et 200 blessés.
La France a reconnu officiellement des « morts pour la France », en Algérie, après le 19 mars 1962. C’est bien la preuve que les accords d’Évian n’ont jamais marqué la fin de la guerre. Nous aimerions savoir comment leurs noms ont été inscrits sur les monuments aux morts.
Sous les ordres des généraux Ailleret et Katz, l’armée française a terminé cette guerre, gagnée totalement sur le terrain, dans le déshonneur le plus total.
M. le président de la République et Messieurs les maires des villes et communes de France dans lesquelles vivaient ces jeunes soldats et leurs familles, quand vous célébrerez cette date, ce prochain 19 mars 2016, et que vous garderez une minute de silence, vous les entendrez, tous ceux qui sont morts après le 19 mars 1962, vous hurler leur mépris et leur colère.
Le 19 mars 1962, le chef de l’État français et son gouvernement ont « signé » un crime contre l’humanité. Un demi-siècle plus tard, ne soyez pas leurs complices ! Pour votre information, ne manquez pas le magazine de France 3 du jeudi 17 mars à 23 h 45 : « Prisonniers français du FLN », suivi du film L’Amère Patrie.
Article de Manuel Gomez, écrivain
Dans Boulevard Voltaire