Bobigny : la mairie UDI dans le viseur du parquet financier
Des perquisitions ont été menées dans le cadre d’une enquête préliminaire du parquet national financier. Elles découlent du rapport accablant de la chambre régionale des comptes publié en 2018.
L’information s’est répandue comme une traînée de poudre. Ce mardi, des enquêteurs de la brigade de répression de la délinquance économique se sont rendus à l’hôtel de ville de Bobigny pour y mener des perquisitions. Une présence policière confirmée par l’entourage du maire UDI, Stéphane de Paoli.
Le domicile du premier magistrat a également fait l’objet d’une perquisition, ainsi que ceux de son premier adjoint Christian Bartholmé et de certains de ses collaborateurs. Aucun d’entre eux n’a été placé en garde à vue, contrairement à une rumeur persistante.
« Les policiers agissaient dans le cadre d’une information préliminaire du parquet national financier (PNF), ouverte à la suite du rapport définitif de la Chambre régionale des comptes (CRC) rendu public en septembre 2018 », indique une source proche du dossier.
« La présence d’enquêteurs est aussi le signe que notre travail d’alerte paie », apprécie Sébastien Breuvart, secrétaire général de la CGT des territoriaux de Bobigny.
Subventions aux associations
Selon certains témoins présents à la mairie ce mardi, les policiers semblaient à la recherche de documents précis, en lien avec le document de la CRC qui abordait en particulier les relations entre la mairie et les associations depuis 2010.
La CRC relevait certains mélanges des genres, et des pratiques clientélistes, comme le fait que sept conseillers municipaux, plusieurs agents communaux exerçaient des responsabilités au sein d’associations subventionnées par la ville. C’était déjà le cas, dans de mêmes proportions, sous la majorité communiste. A l’époque la CRC, avait jugé que « rien d’irrégulier » n’avait été noté mais que la situation appelait « des actions destinées à prévenir d’éventuels conflits d’intérêts ».
Les magistrats de la juridiction financière avaient également pointé que parmi les agents recrutés par la municipalité UDI, certains avaient publiquement soutenu la campagne électorale de l’actuelle majorité.
« Le climat est délétère depuis plusieurs années à la mairie et la vie locale est à l’arrêt, appuie une habitante de Bobigny, engagée de longue date dans le milieu associatif. Ça pèse dans les projets et l’investissement personnel des gens. »
Des questions sur la réserve parlementaire
Dans son rapport définitif, la CRC constatait également l’embauche massive de contractuels. Ils représentaient 25 % des effectifs municipaux en 2016. « Au moins douze agents » ont été recrutés « dans des conditions irrégulières et à des niveaux de rémunération indus », soulignait la CRC.
Désormais, avec la désignation d’un service enquêteur spécialisé, une séquence pénale vient d’être ouverte, donnant au dossier une tout autre dimension. Au-delà des conclusions de la CRC, les enquêteurs s’interrogeraient également sur l’utilisation de la réserve parlementaire de Jean-Christophe Lagarde, député UDI de Seine-Saint-Denis, et d’un possible détournement. Une partie de ces fonds qui devaient subventionner des associations de Bobigny se seraient retrouvés sur des comptes privés.
Cette nouvelle enquête dans l’entourage du député vient s’ajouter à d’autres investigations qui ont, elles, directement concerné le parlementaire. En février dernier, le domicile des époux Lagarde et la mairie de Drancy dirigée par Mme Lagarde avaient été perquisitionnés.
Les recherches étaient menées dans le cadre d’une autre enquête préliminaire diligentée par le PNF, qui s’intéressait à des soupçons de détournements de fonds publics et notamment au cumul des fonctions d’Aude Lagarde entre 2002 et 2014. Celle-ci était à la fois adjointe au maire (NDLR, Jean-Christophe Lagarde à l’époque), vice-présidente du conseil régional, vice-présidente de la communauté d’agglomération et attachée parlementaire de son mari.