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Un moment de notre histoire

Déclaration de Jean-Marie LE PEN au Bureau Politique du Front National du lundi 4 mai 2015

Il fallait s’attendre à ce que les succès enregistrés par le Front National, aux élections européennes puis départementales, provoquent de violentes réactions politiques de la part des tenants du Système, et d’abord du PS et de l’UMP. La diabolisation a redoublé de force, les torrents de calomnies se sont déchainés, et c’est normal, car il s’agit d’ennemis irréductibles. Hélas, au moment où ils se trouvaient en désarroi et le Front National en pleine ascension, s’est ouverte une crise au sein de notre mouvement. Mise sur la place publique, elle a constitué une aubaine pour la presse écrite, parlée, télévisée du système. Réagissant à deux interviews, l’un de RMC (Bourdin) et l’autre de Rivarol, hebdomadaire d’extrême droite à tirage limité, mais ignorant que l’interview à Rivarol avait été fait 15 jours avant celle de Bourdin, la Présidente du mouvement s’est déclarée hostile à ma tête de liste aux régionales en PACA. Avant même que je puisse répondre, le vice-président Philippot a déclaré que « la rupture était totale et définitive » et son directeur de Cabinet « Il faut qu’il parte ».

Invitée au 20h de TF1, la Présidente annonçait qu’elle me convoquait devant le Bureau Exécutif siégeant en formation disciplinaire : celui-ci d’abord, fixé au 24 avril a été reporté au 4 mai, après la réunion du Bureau Politique. Je dois vous avouer que bien qu’ayant affronté toutes sortes de difficultés dans ma vie politique d’opposant patriote, je n’avais jamais imaginé qu’un jour, Président fondateur du FN, l’ayant dirigé pendant près de 40 ans, Président d’honneur depuis 2011, je serais un jour traduit devant une juridiction disciplinaire dont, ironie du sort, le secrétaire était Saint-Just. Cela dit, je n’ai été saisi d’aucun dossier d’accusation. Je ne connais pas les griefs qui ne peuvent être que gravissimes pour justifier cette incroyable procédure. En revanche, je note qu’un certain nombre de salariés du Carré, comme Monsieur Bollée, chef de cabinet de Monsieur Philippot, se sont permis des attaques injurieuses contre moi sans être le moins du monde mis en cause.

Il est clair qu’il a été procédé à des recrutements massifs de collaborateurs dont l’une des caractéristiques communes, c’est de vouloir faire table rase du passé. (Remplacer les vieux cons par les jeunes trous du cul) En tous cas, que mes amis se rassurent, même si j’ai du faire face à une série d’ennuis graves :
-Incendie total de notre maison de Rueil
-Blessure sérieuse à l’épaule lors de mon « évasion » du bâtiment en feu
-Opération cardiologique, bénigne selon le Professeur Philippot
-Complications hospitalières
-Relogement dans une autre maison avec ma fidèle Jany, mes chiens et mon chat
-Annonce, via le follicule média policier de Monsieur Plenel de la découverte d’un compte en Suisse, au milieu de 30 000 prétendument livrés par HSBC.

J’ai tenu à participer au 28ème défilé de Jeanne d’Arc dont j’ai été le créateur et le fidèle organisateur le 1er mai, fête du Travail et de la Patrie. Présent à ce Bureau Politique dont je suis statutairement membre, en revanche, je ne répondrai pas à la convocation devant le BE siégeant en formation disciplinaire et ceci, pour 3 raisons :
La première, c’est que je la considère comme indélicate, injustifiée, immorale et au sens littéral comme au sens étendu, comme scandaleuse.
La seconde, c’est qu’elle est composée, à part moi, qui n’ait jamais été salarié du Front National, par des salariés ou d’anciens salariés du FN. Tous les membres du BE l’ont été et certains, très grassement.
La troisième, c’est que la plupart de ses membres se sont exprimés à mon égard de façon hostile, ce qui les disqualifieraient, même dans un jury d’assises. J’avais été conduit, après condamnation de mes interviews par Marine, à renoncer à la tête de liste FN en PACA où j’avais obtenu 33% aux européennes avec 5 élus et que je me croyais capable d’arracher aux socialistes. Député européen, je suis encore Président du groupe des élus FN à la région jusqu’en décembre 2015. J’ai retiré ma candidature et proposé celle de Marion.

Bien que Président d’honneur, fondateur et Président pendant 38 ans, j’ai observé la discipline d’un militant. J’ai renoncé à toute communication avec l a presse. J’ai suspendu la publication de mon Blog hebdomadaire, pourtant arrivé au 400ème numéro. Je ne vois pas ce qui pourrait justifier quelque condamnation disciplinaire ! J’estime n’avoir commis aucune faute. Je ne me suis jamais exprimé au nom du Front National, laissant ce soin aux collaborateurs socialo-gaulliste de la Présidente. Je voudrais rappeler quelques données fondamentales. On m’a reproché de ne pas avoir respecté  la « ligne du FN ». Mais laquelle ? Celle de la Présidente ? Celle de tous ceux qui pondent dix à quinze communiqués par semaine ? La doctrine du FN n’est pas établie par le Président du FN, chef de l’exécutif, mais par le Congrès. Ce sont les Congrès successifs qui en ont élaboré la substance, qui n’est modifiée que par un vote de l’Assemblée Générale (Congrès). La dernière édition écrite date du Congrès de Paris en 2000, après la scission mégrétiste : « Pour un avenir français » (425 pages). Le programme présidentiel du candidat soutenu par le FN n’est pas constitutif de la doctrine du mouvement, même s’il s’en inspire largement. Mais la forme même du scrutin présidentiel l’oblige à des amodiations ou des élargissements qui visent à conquérir la majorité de 50%. Dans l’espace qui sépare deux Congrès, c’est le Conseil d’Administration : le BP et le BE présidés par le Président du FN qui répond à l’évolution des problèmes.
Les Congrès de 2004, 2007, 2011 et 2014 n’en ont pas sensiblement modifié les chapitres.

Ne nous faisons pas d’illusions sur la force réelle du mouvement. Le fait, réel, d’arriver en 1ère position lors des Européennes et des départementales ne doit pas nous aveugler. Le chiffre des voix obtenues doit être la vraie référence. Notre organisation, en progrès, reste très imparfaite, ainsi que la formation de nos cadres. Nous dépendons totalement des médias, puisque nous n’avons pas été capables d’avoir un journal. Aux temps anciens, comme disent les nouveaux parvenus, il y avait un hebdo, National Hebdo et un bi mensuel, Français d’Abord. Plus grave, c’est l’âme du FN qui a été blessée. La solidarité s’est affaiblie. On craint d’avoir mauvaise réputation républicaine. Sommes-nous devenus le premier parti antifasciste et antiraciste de France ? Laissons ces tristes hochets à nos ennemis et soyons fiers d’être le parti des patriotes français et des parias du drapeau tricolore. Ce sont les évènements qui nous rallient l’opinion de nos concitoyens, l’aggravation inéluctable de la situation (à laquelle, il faudra remédier après) peut nous conduire au pouvoir et à ses terribles responsabilités, mais nous n’en sommes pas aux portes, loin de là. En tous cas, l’unité du mouvement est une des conditions sine qua non, or, elle est gravement menacée par la crise actuelle. Il y va de la responsabilité de chacun d’entre vous. Pour ma part, après avoir abandonné ma candidature comme tête de liste en PACA, j’ai gardé un silence complet. Je reprendrai la parole demain, quoi qu’il en soit. Ensemble, je l’espère de tout cœur.

 

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