"La recomposition à droite s'accélère au profit du rassemblement Bleu Marine"
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Alain Hayot « Ce n’est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein »
Après la cantonale de Brignoles où le candidat FN est arrivé en première position, un sondage Ifop pour le Nouvel Obs publié ce mercredi crédite le parti d'extrême-droite de 24% des intentions de vote pour les Européennes 2014. Pour Alain Hayot, conseiller régional PCF de Provence-Alpes-Côte d’Azur, cela révèle la "bataille réussie des idées du FN sur l’UMP".
Chaque parti se renvoie
la balle des responsabilités. Quels enseignements
tirez-vous des résultats
de cette élection cantonale
à Brignoles ?
Alain Hayot. Tout cela relève
de l’anecdote. Brignoles nous parle d’autre
chose. Car ce qui vient de se passer est
un vrai coup de semonce mais pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. C’est
la troisième fois, sinon plus, après l’Oise
et Villeneuve-sur-Lot, que l’on constate
des phénomènes sensiblement équivalents. Les électeurs de gauche ont voté avec leurs pieds, c’est-à-dire qu’ils ne se sont pas rendus aux urnes. Il n’y a aucune ambiguïté : l’électorat qui a porté le FN ne provient pas de la gauche. Son recul est dû, pour l’essentiel, au gonflement extraordinaire
de l’abstention, dans un canton pourtant détenu par elle. Cela nous interpelle.
On sent que l’on a affaire à un électorat qui est complètement déboussolé par un gouvernement, pour lequel il a voté, qui préfère apparemment plier devant la violence des riches que de répondre à la souffrance des pauvres. Il existe une question fondamentale à laquelle il faut absolument répondre : l’électorat de gauche a manifestement perdu espoir. On ne lui ouvre aucune autre perspective que celle d’un Manuel Valls qui vient leur dire, qu’au fond, le FN a raison
de faire la chasse aux Roms et de désigner
les étrangers comme des boucs émissaires.
Qu’est-ce qui profite au FN dans un tel contexte ?
Alain Hayot. On assiste à l’accélération
de la recomposition politique à droite au profit et sous la pression du rassemblement Bleu Marine, dont le vote et l’expression relèvent d’une véritable hégémonie politique sur l’électorat de droite. Politique mais aussi idéologique, puisque derrière se cache une bataille réussie des idées du FN sur l’UMP. Cela se passe dans une région où la droite
ne cesse de légitimer le discours du FN
en croyant le combattre mais, en réalité, elle lui sert la soupe. On peut citer Christian Estrosi, député maire de Nice, qui fait
la chasse aux Roms, ou Éric Ciotti, député et président du conseil général des Alpes-Maritimes, qui parle d’alliance avec le parti de Marine Le Pen. Enfin, il y a le maintien, voire la progression si l’on ajoute les voix
du candidat dissident, du FN. Contrairement à ce qui s’est passé durant des années,
par rapport au manque d’implantation local du parti, les résultats de Brignoles démontrent que le FN est en capacité
de remporter un scrutin majoritaire.
À partir de là, qu’est-ce qui serait efficace pour le contrecarrer ?
Alain Hayot. C’est très dur dans ce contexte, pour le Front de gauche, d’affirmer clairement qu’il combat, qu’il n’accepte pas cette situation et qu’il refuse la résignation. Le Front de gauche ne doit pas se contenter de dire qu’il n’est pas d’accord avec
la politique gouvernementale. Il doit être porteur d’une nouvelle espérance. Le seul moyen de faire reculer l’extrême droite et
la droite extrême, l’UMP-FN, car c’est à cela que nous sommes confrontés aujourd’hui, c’est de rouvrir l’espoir d’une alternative aux politiques libérales et autoritaires. Il faut mener un combat de terrain, non seulement en combattant la division, mais surtout en créant les conditions d’une solidarité de tous les dominés contre les politiques menées. Dans ce contexte, nous devons lutter contre les idées extrémistes sur les causes de la crise et les réponses à y apporter. Il faut être porteur d’un projet alternatif.
Le FN devant l'UMP et le PS. Selon un sondage Ifop pour le Nouvel Observateur concernant les intentions de vote en vue des élections européennes de 2014, le Front national est crédité de 24%, devant l'UMP (22%) et le PS (19%). Suivent le Modem-UDI (11%), le Front de gauche (10%), EELV (6%), Debout la République et le NPA (2%)
Article publié le 11 octobre 2013 ......... dans l' HUMANITE !
Le HuffPost avec AFP | Publication: 13/10/2013 20h03